Quand ‘Le fabuleux destin d’Amélie Poulain’ de Jean-Pierre Jeunet sort au
cinéma en 2001, le film connait un
énorme succès mondial et est reçu avec enthousiasme par les spectateurs. Parmi
les critiques, les voix négatives sont rares, à une exception près : Dans
son article dans ‘Les Inrocks’, Serge Kaganski explique pourquoi il ne partage
pas l’opinion générale à propos du film. Ici, j’aimerais dans un premier temps
exposer son avis, pour le commenter ensuite.
Selon Kaganski, le film de Jeunet a un style démesurément artificiel. Les
images sont extrêmement travaillées et ainsi irréelles. Deuxièmement, Kaganski
réprouve l’orientation du film vers le passé et sa nature réactionnaire et nostalgique.
Il critique également le défaut, d’après lui, de profondeur des caractères des
personnages qui sont seulement engagés dans des rapports superficiels ce qui prive le film de toute signification plus profonde. Avant tout, Kaganski
méprise le fait qu’ ‘Amélie Poulain’ se fonde sur des clichés du prolétariat et
de Paris où d’autres minorités ethniques semblent absentes. Tout est simplifié
et anecdotique, avec Amélie en tant que personnage principal totalement
sentimental et éloigné de la réalité.
Même si cette opinion à propos d’un film si réconfortant pourrait paraître
dure, je pense que l’auteur de cette critique a fait quelques observations
justifiables. Mais, il faut aussi comprendre qu’un film est toujours une œuvre d’art
dont la perception dépend du goût personnel. Le réalisateur ne cherche pas nécessairement
à reproduire la réalité, surtout pas s’agissant de Jean-Pierre Jeunet, célèbre
pour son cinéma onirique. Si le film est tellement surréaliste et fantastique,
c’est probablement parce que Jeunet avait l’intention de démontrer son
excellente maîtrise d’effets esthétiques. Le film nous fait plonger dans un
passé imaginé, un monde de rêve et tout le génie du réalisateur consiste à
préserver cette illusion tout au long de l’histoire. Le spectateur ne se rend seulement compte que la vie n’est pas si simple et joyeuse quand le générique de fin
se termine. D'après mon opinion, le point fort du film réside alors dans sa capacité de
nous distraire à tel point qu’une critique pertinente comme celle de Kaganski
ne se révèle qu’en prenant du recul.
Mes sources :