Lorsque je me suis informée sur l’affaire Théo, j’ai aussi fait quelques
recherches sur la haine contre les personnes de couleur ainsi que contre des
minorités ethniques en France et les violences physiques et verbales commises à
leur égard. Dans ce contexte, je suis tombée sur une vidéo qui m’a
particulièrement frappée. Il s’agit d’une courte interview d’Henry de Lesquen,
homme politique de l’extrême droite/nationaliste qui a récemment déclaré
vouloir bannir toute « musique nègre » de la radio française. Dans
cet article, je présenterai d’abord ce « politicien » et ses idées
avant de tenter de répondre
à la question suivante : Est-ce une bonne chose qu’un tel discours soit
rendu audible via des moyens de communications officiels? Est-t-il normal que
de telles pensées soient sujettes au débat dans la sphère publique?
Henry de Lesquen a attiré l’attention des médias début 2016 quand il s’est
lancé dans la campagne présidentielle. Il est aussi connu grâce à Radio
Courtoisie, une station de radio de l’extrême droite, et du Carrefour de
l’Horloge, un cercle de pensée politique dont Lesquen est un cofondateur. Avant
de résumer le contenu de l’interview, mené par l’acteur Lucien Jean-Baptiste,
un martiniquais (noir!), je tiens à mettre en garde contre les propos, à mon
sens, racistes, que tient cet homme.
Selon Henry de Lesquen, il est souhaitable de bannir la « musique
nègre » (ce qui, d’après lui, englobe le jazz, le blues, le rock n’roll,
le rap etc.) de la radio française, une de ses mesures proposées pour mener une
politique publique identitaire. La musique en question pourrait entrainer un
« ensauvagement », puisqu’elle serait très obscène, voire sexuelle.
De plus, dans le programme de son parti, de Lesquen parle de racisme positif
qui, selon lui, se caractérise par une conscience de race sans haine. Le
troisième point abordé dans l’interview est son idée de
« réemigration », c’est-à-dire la reconduite de tous ceux qui ne sont
pas des français de souche vers les pays où se trouvent leurs racines. Par
ailleurs, Henry de Lesquen préconise « de raser la Tour Eiffel […], de
rétablir la peine de mort pour les meurtres, le terrorisme et le trafic de
drogue, d'annexer la Belgique et le Luxembourg, de punir l'avortement, de
supprimer le SMIC, de lutter contre le « prétendu art contemporain » ou « art
dégénéré » ».1
Certaines de ses suggestions sont indubitablement hallucinantes et ridicules.
Avant tout, je me demande même si de Lesquen ne plaisante pas et si il est
vraiment sincère : comment peut-il oser s’exprimer de cette manière en
face d’un noir? J’imagine que Jean-Baptiste s’est senti discriminé et insulté. Heureusement,
seul un nombre infime de français est favorable à ses idées. Mais la question
se pose : de tels propos méritent-ils d’être médiatisés? L’articulation de
ces pensées devrait-elle être relayée publiquement? D’un côté, il paraît
important de s’opposer ouvertement à un tel programme politique. Sans quoi,
cela risque de donner une impression de consentement alors qu’il est en général
totalement inacceptable d’inciter à la haine raciale. De l’autre côté, en
revanche, il est évident que de telles idées ne sont pas à prendre au sérieux
et qu’elles ne seront jamais mises en exécution. Vaudrait- il mieux de les
ignorez, alors ? Je suis d’avis que, face à des absurdités évidentes comme
celles-ci, les médias devraient plutôt se retenir. Personnellement, je trouve
que le racisme caché/déguisé est beaucoup plus inquiétant. Il semble persuader
une grande partie des électeurs en ce moment et on peut s’interroger sur le rôle
des médias, qui assument également une certaine responsabilité éducatrice en
matière de politique, dans tout cela. J’ai l’impression que parfois, les journalistes essayent de simplifier les
choses et de privilégier des informations claires, de présenter une vision
manichéenne des faits. L’affaire de Lesquen choque sans aucun doute et ainsi il
est facile d’en parler. Concernant l’affaire Théo, cependant, après avoir
découvert que sa famille pourrait être impliquée dans un détournement de fonds
publics, les médias ne la relayent plus de la même façon qu’auparavant
puisqu’elle ne se prête plus à servir d’exemple emblématique pour les violences
commises envers un « innocent ». Le sujet est devenu encore plus épineux
ce qui rend la discussion et la possibilité de trouver des réponses nettes très
difficile. Mais est-ce une raison pour arrêter d’en parler? Bien sûr que non.
Au cours de mes réflexions, la complexité de la question posée s’est
manifestée. Je pense qu’il n’y a pas de démarche exemplaire pour le maniement
de la xénophobie par les médias en France. Il en résulte que c’est le devoir de
chaque citoyen d’observer de lui-même très attentivement et toujours de façon
critique la médiatisation de ses enjeux.
Voici, mes sources:
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